Présentation
Simone Ehivet Gbagbo, née le 20 juin 1949 à Moossou (commune de Grand-Bassam), est une syndicaliste et femme politique ivoirienne.
Membre fondatrice du Front populaire ivoirien (FPI), députée dans les années 1990 et 2000, elle est vice-présidente de l'Assemblée nationale de 1995 à 2000.
Elle est ensuite la Première dame de Côte d'Ivoire, de 2000 à 2011, en tant qu'épouse de Laurent Gbagbo, président de la République, sur lequel elle exerce une certaine influence. Pendant cette période, elle préside le groupe parlementaire de son parti politique.
En 2015, quatre ans après avoir été arrêtée, à la suite de la chute de son époux, elle est condamnée par la justice ivoirienne à 20 ans d'emprisonnement pour atteinte à l'autorité et à la sûreté de l'État. Elle est libérée en 2018, à la faveur d'une loi d'amnistie signée par le président Alassane Ouattara.
Origines, études et carrière dans le professorat
Simone Ehivet est la fille de Jean Ehivet, gendarme de profession et de Marie Djaha. Deuxième née d'une famille de dix-huit enfants1, elle a quinze sœurs, devenant très tôt tutrice de ses cadets. Elle fait ses débuts de formation dans des écoles primaires à Moossou, Bouaké et Béoumi. Élève au lycée classique d'Abidjan en option lettres modernes, elle mène sa première grève en 1966 (elle est interpellée par la police) et elle obtient le baccalauréat en 1970. Elle obtient une licence en lettres modernes à l'université d'Abidjan et étudie à l'École normale supérieure de Côte d'Ivoire. Elle est major de sa promotion au concours d'entrée au CAPES, qui donne accès à la carrière de professeur de l'enseignement secondaire. Elle a été également étudiante en France (à l'université Paris-XIII, où elle a passé une maîtrise de lettres modernes option littérature orale en 1976 sur « l'image de la femme dans le conte »), au Sénégal (à l'université de Dakar, où elle a passé un DEA en 1981 et ensuite un doctorat sur « le langage tambouriné chez les Abourés » ) et, enfin, en Côte d'Ivoire (elle y a obtenu une licence en linguistique africaine à l'université d'Abidjan en 1984)
Parcours politique
Syndicaliste et militante
Au lycée, elle est membre des Jeunesses estudiantines catholiques (JEC), un mouvement de jeunes catholiques, elle est à la tête de la branche féminine de 1966 à 1970, ce qui contribue, selon elle, à l'orienter politiquement à gauche. En 1972, elle intègre un groupe révolutionnaire clandestin, la cellule Lumumba, auprès de Bernard Zadi Zaourou. Elle milite au sein d'associations comme Synesci (syndicat de professeurs de lycées) ou Synares (syndicat de professeur d'université, qu'elle finit par diriger); elle défend l'ivoirisation des programmes d'enseignement. Elle participe aux mouvements de grève de l'enseignement en 1982.
Syndicaliste active dans les années 1970 et 1980, elle a été plusieurs fois emprisonnée pour sa lutte en faveur du multipartisme lors de ces années, et torturée. C'est à l'université qu'elle commence à côtoyer le milieu politique, notamment à partir de 1973, où elle fait la connaissance de son futur époux Laurent Gbagbo, bien qu'alors, leur relation soit seulement politique. Ce professeur d'histoire au lycée classique d'Abidjan (LCA), révoqué pour « convictions communistes » venait de sortir d'un internement en camp militaire. En 1982, elle co-fonde dans la clandestinité, avec Laurent Gbagbo, Aboudramane Sangaré, Émile Boga Doudou, Assoa Adou, Pascal Kokora et Pierre Kipré le futur Front populaire ivoirien (FPI); elle est membre du bureau national, chargée de la formation politique des militants et des questions agricoles4. Ces années là sont précaires, avec la pression de la police de Félix Houphouët-Boigny, qui dirige le pays avec un parti unique. Laurent Gbagbo part en exil en France pendant six ans, après avoir donné des filles jumelles à Simone Ehivet, qui les élève seule et continue à militer dans ce qu'il reste du parti. Il revient en septembre 1988 et, après le divorce de Laurent Gbagbo avec sa première femme française, le couple se marie à Cocody le 19 janvier 1989. En novembre 1988 a lieu dans une discrète villa d'un sympathisant le congrès constitutif du FPI, auquel Simone Gbagbo participe.
Syndicaliste et militante
Le multipartisme est instauré en avril 1990. Simone Gbagbo échoue à devenir députée aux élections législatives de novembre 1990, s'étant présentée dans la circonscription d'Abobo (sur la liste « Espoir pour Abobo »). Un mois plus tard, elle échoue aux élections municipales de la ville éponyme. Fin 1990, elle est brièvement arrêtée par les forces de l'ordre, le FPI (désormais légalisé) s'opposant avec pugnacité à l'appareil répressif alors dirigé par le Premier ministre Alassane Ouattara et le chef de l'armée Robert Gueï. Le 18 février 1992, elle participe avec Laurent Gbagbo et les ténors de leur parti à une manifestation contre la violence du « nettoyage » de la résidence universitaire d'Abidjan. L'évènement dégénère, Simone Gbagbo est emmenée au camp Gallieni, où elle est rouée de coup et maltraitée par des soldats et des gradés. Son mari, lui, est humilié devant ses propres militants. Elle reste dix-huit jours à l'hôpital de Yopougon puis le couple est transféré à la maison d'arrêt et de correction d'Abidjan, où ils sont incarcérés six mois, jugés pour tentative de subversion avant d'être graciés par le président. En cellule, une bonne sœur visiteuse de prison la ramène à la foi, elle qui n'était plus pratiquante depuis l'enfance, époque où son père l'emmenait chaque matin à la messe.
En 1993, le président Félix Houphouët-Boigny meurt et Henri Konan Bédié accède au pouvoir. Le couple Gbagbo s'allie brièvement avec Alassane Ouattara. Elle est élue députée de la commune d'Abobo en 1995 après une campagne violente (son QG de campagne est arrosé de gaz lacrymogène par la police en sa présence). Elle est présidente du groupe du FPI à l'Assemblée nationale et vice-présidente de la Chambre.
Le 24 décembre 1999 a lieu le coup d'État du général Gueï, lors duquel Simone Gbagbo se replie dans sa villa avec ses jumelles. Neuf mois plus tard, elle participe à la campagne présidentielle pour son mari, candidat du FPI. Dans les meetings, elle n'hésite pas à invoquer Dieu, à citer la Bible et à danser sur les podiums. Sa foi, qui l'a sincèrement transformée, la convainc que leur victoire électorale était divinement prédestinée.
Vie personnelle
Elle est mère de cinq enfants, toutes des filles : trois de son premier mariage, Patricia, Marthe et Antoinette (dont deux qui sont des jumelles)35 avec Joseph Ehouman Dadji, et les deux autres avec Laurent Gbagbo, son mari depuis 1989, des jumelles également35, Marie-Patrice et Marie-Laurence. Ensemble, ils ont au total sept enfants (Gbagbo ayant eu lui deux enfants de sa première union).
À partir de 2001, elle perd de son ascendant sur Laurent Gbagbo au profit de la seconde épouse du chef de l'État, Nadiana Bamba, qui exerce une influence pendant la campagne de l'élection présidentielle de 2010 en mettant au service de son époux l'agence de communication qu'elle dirige. Le conflit entre les deux épouses avait pourtant semblé tourner au bénéfice de Simone Gbagbo au cours de l'année 2008 quand la seconde épouse avait dû se faire plus discrète. En 2021, elle reçoit une demande de divorce de Laurent Gbagbo. Le divorce est prononcé en juin 2023.
En 1998, elle devient chrétienne pentecôtiste après avoir survécu à un accident de voiture. Elle rencontre Moïse Koré de l'Église Shekinah Glory Ministries, qui sera son pasteur20. Influencée jusque dans sa carrière, elle déclare lors d'un discours: « Merci à Dieu de nous avoir donné ce président de la République. Merci mon Dieu tout simplement d'être Dieu ». Elle a raconté son témoignage de foi dans diverses églises évangéliques.
Ouvrages
Paroles d'honneur, éditions Pharaos, 2007.
Ma sortie de prison : prémices d'une Côte d'Ivoire réconciliée, Éditions Tabala, 2021.